En
ce 8 Mars, la moitié de l’humanité est censée être en fête, et l’autre
moitié devait la féliciter, et lui souhaiter bonheur, liberté, et
dignité. Une célébration décrétée par l’ONU en 1977 pour réduire les
inégalités entre les deux sexes, et améliorer la condition de la femme à
travers la planète.

Plus de quatre décennies après, on est loin du but : injustice,
souffrance, pauvreté, et dépendance continuent à être, ici et là, le lot
quotidien des descendantes d’Eve.
Les femmes ont des conditions différentes, et des vécus multiples. Alors
que dans certaines régions du monde, les femmes se battent pour une
meilleure présence dans la vie politique et publique, un meilleur accès
aux postes de décision, la suppression des écarts en termes de salaires
avec les hommes ; dans d’autres, les femmes n’ont pas encore accès à
l’éducation, à l’emploi et aux droits socio-économiques les plus
élémentaires…Leur condition diffère aussi, selon qu’elles vivent en
temps de paix, ou de guerre. Dans les zones de conflits, ce sont
toujours elles qui paient le plus lourd tribut, en étant victimes des
agressions les plus abjectes, et les plus humiliantes.
Les disparités existent aussi au sein d’un même pays, selon que ces
femmes sont issues du milieu citadin ou rural. Autant de différences qui
font que les besoins ne sont pas les mêmes, encore moins les rêves et
les aspirations.
Egalité et parité constitutionnelles
En Tunisie, pays du Code du statut personnel (CSP), de l’émancipation de
la femme, de l’égalité et de la parité constitutionnelles entre les
deux sexes, la réalité reste encore en déphasage avec l’arsenal
législatif. Les femmes sont encore loin d’atteindre l’équité en termes
de droits. Même si la Tunisie affiche fièrement des chiffres honorables
en matière de scolarisation féminine à tous les niveaux d’enseignement,
même si les Tunisiennes ont conquis toutes les sphères d’activités, et
sont toujours pionnières en la matière par rapport à leurs semblables
dans la région, les femmes sont en majorité confrontées à des réalités
dures, du fait de mentalités qui n’ont pas évolué aussi vite que la loi.
En milieu citadin, face à des hommes absents, et confinant leur rôle
dans le travail à l’extérieur, les plus grandes charges pèsent sur la
femme, en termes de gestion du foyer, de tâches ménagères, de prise en
charge de la famille, d’éducation et de suivi de la scolarité des
enfants, outre bien entendu sa vie professionnelle, qu’elle n’accepte,
pour rien au monde d’abandonner, soucieuse qu’elle est de son
épanouissement et de son indépendance financière.
Soumise à une montée d’Adrénaline permanente, la femme citadine est
victime de l’égoïsme masculin, voire d’un machisme qui a la vie dure.
Les fées des champs
En milieu rural, la condition des femmes est bien pire. Là bas,
l’indigence se transmet de mère en fille, mais pas que, les valeurs de
courage, et de sacrifice aussi. Dans l'arrière-pays, la seule source
nourricière est la terre, souvent labourée, cultivée et ensemencée par
les femmes, face à des maris, des frères et des fils, absents et
passifs, passant le plus clair de leur temps à flâner, ou attablés au
café.
Les fées des champs travaillent la terre mais ne gagnent qu’une partie
insignifiante de ses fruits et richesses, leurs employeurs terriens ne
sont pas souvent généreux à leur égard, et les paient moins que les
hommes. Sans compter les conditions dans lesquelles elles sont
transportées, dans des camions de fortune…Des accidents de la route, à
l’issue desquels des femmes agricultrices ont succombé, on en a connu
plusieurs ; des drames lourds de conséquences pour des enfants laissés
sans soutien, et sans gagne pain.
La vie champêtre a sa beauté, son paysage verdoyant, son air pur...et ça
devrait être un bonheur de la mener loin des pressions des grandes
villes. Pas pour ces femmes. Faute de moyens, de commodités, et
d’infrastructure, elles peinent à en dompter la rudesse.
Les femmes paysannes ont le droit d’accéder à un emploi digne, à une
couverture sociale, elles ont le droit de voir un processus de
développement durable s’enclencher pour changer la réalité de leurs
contrées. Les filles de la campagne ont aussi droit d’accéder à l’école,
dans des conditions décentes, de manière à ce qu’elles n’interrompent
pas leur scolarité au cycle primaire sombrant vite dans l’illettrisme et
le travail précaire, à l’exemple de leur mère, et grand-mère.
Le savoir étant la seule voie libératrice et salvatrice, à même de leur
permettre de voler de leurs propres ailes, et de changer leur vécu et
celui de leur communauté. | | | | | |
Gnet
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